C’EST QUOI UNE PLANTE CARNIVORE ????
Posté par eurekasophie le 13 juillet 2009
CARNIVORES
Pris séparément les deux mots » PLANTE » et « CARNIVORE » sont tout ce qu’il y a de plus banals. Pour beaucoup de nos contemporains, une « plante » ne peut être en appartement qu’un objet décoratif, présentant l’inconvénient de se détériorer assez vite. Il est parfois possible de la conserver quelque temps en lui fournissant périodiquement sa ration d’eau, mais il est parfois plus simple d’en racheter une nouvelle dès que la précédente n’est plus présentable. Une plante est quelque chose de statique, passif, qui ne peut que subir son environnement, sans toutefois agir dessus.
Le terme « carnivore« , lui, s’applique plutôt à de sauvages animaux souvent méchants qui, Dieu merci, ont disparu de notre environnement proche. Les chiens et les chats peut-être… Mais des siècles aux côtés de l’homme les ont tellement dénaturés ! |
Lorsque ces deux mots se retrouvent accolés là on ne reste pas indifférent. Comment des plantes peuvent-elles faire preuve d’un comportement strictement animal ? N’ont-elles pas été créées pour servir de nourriture aux animaux (Génèse I, 29-30) ?
Une fois admise l’existence de telles diableries, l’imagination va bon train. De tels végétaux ne peuvent être qu’animés d’intentions malignes. Les fantasmes collectifs, alliés à de nombreux et délirants récits « vécus » d’explorateurs du XIXème siècle, ont contribué aux légendes tenaces dont celle du terrible « Arbre mangeur d’hommes de Madagascar« . |
La littérature et le cinéma sont aussi à l’origine de l’aura de mystère qui entoure ces plantes.
Qu’est-ce qu’une Plante Carnivore ?
Les Plantes Carnivores mériteraient plutôt le qualificatif d’insectivores. Leurs proies peuvent cependant être des petits crustacés, des arachnides, des mollusques. Bien qu’il ait été retrouvé dans les plus grands pièges de Nepenthes rajah (Bornéo) des grenouilles et même des petits mammifères, il reste que ces captures ne sont qu’exceptionnelles et ne constituent chez aucune plante l’essentiel du menu. |
Le caractère de carnivorité n’a rien de complètement révolutionnaire. Il faut d’abord renoncer à l’image de la fleur féroce qui happe l’infortuné papillon d’un rageur coup de dents. Une plante carnivore reste un végétal dépourvu de musculature. N’entendons pas par là incapable de mouvement, certaines fleurs se ferment chaque soir pour se rouvrir le lendemain, l’hélianthe (tournesol) suit le soleil dans son déplacement tout au long de la journée, la sensitive (Mimosa pudica) referme très rapidement ses feuilles au moindre choc. Le mouvement n’est toutefois pas indispensable à toutes les Plantes Carnivores, certains pièges passifs n’ont rien à envier quant à leur efficacité. |
La très grande majorité des plantes carnivores pousse en des milieux très pauvres en matières nutritives: le sol délavé des marécages, les rochers perpétuellement humides sur les berges des torrents de montagne, la vase de certains bords d’étang. Même les Nepenthes des forêts tropicales poussent parfois en épiphytes sur de grands arbres ou dans les amas de débris végétaux qui s’ammoncellent sur le sol. La lutte pour la survie dans de tels milieux favorise les végétaux qui ont développé des mécanismes nutritifs originaux. Tous ces milieux humides regorgent d’insectes en tous genres, il est donc tout naturel que certaines plantes parviennent à en profiter.
Il faut dans un premier temps attirer la proie. Beaucoup de moyens sont mis en oeuvre, de la couleur vive de certaines urnes (Nepenthes, Sarracenias), à la production de substances sucrées (Nepenthes, Sarracenias, Heliamphora, Dionée…), il faut rajouter certaines odeurs difficilement décelables par un nez humain (Pinguicula, Drosophylum…) et l’aspect humide de nombreuses gouttelettes (Byblis, Drosera, Drosophylum). Nous sommes en droit également de supposer d’autres stratagèmes car nous savons bien peu de choses de la sensibilité et du goût des insectes. |
Une fois la proie attirée, il est possible de la coller grâce à des mucilages produits par certaines catégories de glandes pédonculées (Byblis, Droséra, Drosophylum, Pinguicula…), de refermer très rapidement une cage autour (Aldrovanda, Dionée), ou même de l’aspirer dans une poche digestive (Genlisea, Utricularia). Mais parfois il faudra la rassurer pour qu’elle pénètre à l’intérieur d’une urne (Cephalotus, Darlingtonia, Heliamphora, Nepenthes, Sarracenia). Certaines comportent un couvercle transparent qui laisse passer la lumière (Cephalotus, Darlingtonia, certains Sarracenia). Ainsi la proie, croyant voir une issue au-dessus d’elle, pénètrera sans se méfier dans le piège fatal. Certains Sarracenia produiraient dans la sécrétion sucrée qui entoure l’entrée de l’urne des substances ayant un effet stupéfiant sur les insectes. Complètement « ivres » ceux-ci trébucheraient plus facilement à l’intérieur du piège. |
Enfin une fois capturé l’insecte doit être digéré afin que ses matières azotées puissent être assimilées. Là le plus dur ayant été fait certaines espèces se contentent de laisser agir les bactéries d’attendre que la proie pourrisse (Darlingtonia, Heliamphora…) et que ses tissus se décomposent alors que d’autres sécrètent de vraies enzymes digestives assez semblables d’ailleurs à nos liquides digestifs.
Dans tous les cas ne seront absorbées que les parties internes molles de l’insecte. La carapace restera au fond de l’urne ou sera emportée par le vent, à moins que la feuille responsable de la capture n’ait été déjà remplacée par une nouvelle.
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