Aarfffffffff ! mais non, c’est pas de cette rue là que je caauuuuuuuuse
Mais de celle-ci voilà voilà ……..
HISTOIRE
La rue est une plante qui a toute une histoire même si maintenant c’est une herbe très peu cultivée. C’est une ancienne herbe médicinale qui a longtemps été utilisée comme contrepoison et comme talisman contre la sorcellerie chez les Grecs. Les Romains eux l’utilisaient surtout pour améliorer la vision. D’ailleurs, il semble que Leonardo da Vinci et Michelangelo ont prétendu que la rue avait amélioré leur vue ainsi que leur créativité. L’usage interne de la plante est à contrôler car elle a un certain degré de toxicité et a déjà été utilisée comme abortif. Avec les branches de rue, on aspergeait l’église d’eau bénite avant les messes. La rue était une composante du «vinaigre des quatre voleurs», mélange avec lequel se protégeait les voleurs qui détroussaient les victimes pendant l’épidémie de peste en Angleterre en 1665 et pendant laquelle environ 7,000 personnes sont mortes. Ce vinaigre était composé d’un gallon de vinaigre de vin rouge, 1½ once de rue, de sauge, de menthe, de romarin et d’absinthe ainsi que de 2 onces de fleurs de lavande, ½ once de de camphre et de ¼ d’once de cannelle, de clou de girofle et d’ail. La rue vineuse a pour propriété d’attirer l’argent. Les chasseurs de sorcières et les exorcistes du XVI éme siècle brandissaient des rameaux de rue pour détecter les coupables et faire fuir les démons. Les graines de l’année brûlées sur des charbons ardents en même temps que d’autres substances appropriées nettoient un endroit de ses vibrations malsaines. La rue vineuse a encore une réputation d’anaphrodisiaque « Tous les moines et religieux qui veulent se garder chastes et conserver leur pureté doivent toujours utiliser le Rue dans leurs aliments et leurs boissons.
Les rues sont en effet des plantes médicinales traditionnelles en Europe depuis l’époque gréco-romaine. Ce dont désormais des plantes un peu délaissées en phytothérapie moderne car considérées, à juste titre, comme potentiellement trop toxiques. Par contre Ruta graveolens reste une plante utilisée en Homéopathie.
Ce sont de petites plantes (jusqu’à 1 m), pérennes, aux tiges peu ramifiées, aux feuilles, alternes composées de folioles ovalaires, d’un vert pâle un peu grisâtre. Les feuilles de rue présentent par transparence, de nombreux points translucides (glandes à huiles essentielles).
L’odeur des feuilles écrasées est plutôt désagréable et assez typique.
Les fleurs, en petits bouquets terminaux, jaune-verdâtres possèdent 4 ou 5 pétales selon la position de la fleur dans l’inflorescence. Les pétales de Ruta graveolens sont lisses mais ceux de Ruta chalepensis sont finement divisés, laciniés, sur leur bordure. Le fruit est une capsule qui contient des glandes réniformes.
LA RUE PLANTE MEDICINALE
La rue fétide, Ruta graveolens, contient des substances intéressantes sur le plan pharmacologique :
- des flavonoïdes : dont la rutine (jusqu’à 5%) et la quercétine, protecteurs vasculaires
- des furanocoumarines photosensibilisantes : bergaptène et xanthotoxine
- des alcaloïdes (très peu étudiés et utilisés)
- surtout de l’huile essentielle, 0,5 à 3 %, selon la partie de la plante.
Cette huile essentielle de rue est très riche en methyl-nonyl-cétone pour la plante, et en 2-un-décanone pour l’huile essentielle des fruits.
La plante entière serait spasmolytique mais par contre favoriserait les contractions utérines. La rue est traditionnellement utilisée pour favoriser l’apparition des règles (emménagogue) et comme anaphrodisiaque chez les hommes.
La rue, et surtout son huile essentielle, sont antihelminthiques (poison neurologique pour les parasites). L’huile essentielle est rubéfiante et utilisée en friction sur les zones douloureuses des articulations ou des muscles.
La rue n’est quasiment plus utilisée en Europe ; par contre elle reste une plante appréciée par les tradipraticiens (notamment les amérindiens) en Amérique du sud (Equateur, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine) . En général ils l’utilisent en mélange avec d’autres plantes (sauge, eucalyptus, poivrier molle, romarin, camomille) comme antispasmodique digestif, régulateur des règles et même chez le jeune enfant agité et qui pleure.
La rue est connue depuis l’antiquité comme une plante abortive, mais c’est une plante abortive qui tue aussi la mère ou au minimum induit de graves troubles hépato-rénaux
LA RUE PLANTE MAGIQUE
Il est très fréquent, en Amérique du sud, de noter la présence de rue dans les jardins des maisons, dans les jardins des églises ou aux alentours des presbytères. Il s’agit en général de Ruta chalepensis. C’est la rue du Moyen-Orient, celle dans laquelle, selon la Bible, Jésus essaya de se cacher pour échapper aux soldats Romains. Est-ce l’origine de sa renommée comme plante protectrice contre les « forces du mal » ?
Cette croyance est encore bien vivante en Amérique du sud, c’est la plante de la chance, celle qui permet d’ouvrir les portes du succès, celle qui éloigne les mauvais esprits et protège des jeteurs de sorts. Dans la province de Corrientes, en Argentine, il est traditionnel de boire une infusion de rue aromatisée au jus de canne le premier jour du mois d’Août pour s’assurer d’une bonne santé pour l’année à venir.
LA RUE PLANTE TOXIQUE
Les furanocoumarines et l’huile essentielle de rue, Ruta graveolens, peuvent provoquer des troubles graves.
Les Furanocoumarines (psoralènes) sont phototoxiques. Elles induisent, par contact des feuilles contuses suivi d’une exposition au soleil, une dermite aiguë qui ressemble à une brûlure du premier ou du deuxième degré. Secondairement la peau gardera une hyperpigmentation qui peut persister assez longtemps. Cette réaction phototoxique est accentuée par l’humidité. Plus grave, après absorption digestive, ces coumarines sont toxiques pour le rein et le foie, voire cancérigènes, car elles altèrent les acides nucléiques et peuvent ainsi provoquer des lésions du génome. L’huile essentielle provoque des contractions du muscle de l’utérus ainsi que des hémorragies utérines. Les signes d’intoxications par la rue commencent par des troubles digestifs (douleurs, vomissements, hypersalivation) qui s’accompagnent rapidement de signes de choc (hypotension, troubles cardiaques), voire de convulsions. Parallèlement on peut observer des saignements génitaux. Plus tard, et selon la gravité de l’intoxication, il peut se développer une insuffisance rénale et hépatique pouvant conduire au décès. Il n’y a pas d’antidote à l’intoxication par la rue (Ruta graveolens ou Ruta chalepensis). L’empoisonnement par la rue est en général volontaire pour provoquer un avortement. Il faut rappeler que l’avortement est le plus souvent interdit en Amérique du sud. Les femmes enceintes doivent éviter de consommer des extraits de rue même en petite quantité car des études sur l’animal ont montré que des extraits rue provoquent des malformations fœtales.
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TÉMOIGNAGE RECUEILLI SUR INTERNET
La rue, une plante qui brûle
jeudi 9 octobre 2008, par fred
Il était une fois, une plante à l’apparence ordinaire qui se plaisait sur les roches calcaires. Appréciant tout particulièrement le soleil et le calme, elle mit en place un système particulièrement efficace pour se prémunir des grimpeurs. Infos
Imaginez-vous après une belle journée de grimpe dans l’Hérault, sirotant tranquillement une bonne pression. Vous êtes tranquille, cool puis rentrez chez vous et dormez du sommeil des braves.
Puis, le lendemain : Tiens, une cloque sur le bras ??? Votre demoiselle grimpeuse en a également une belle. Mais qu’est ce que c’est que ça ? Passons, la vie est belle, vous avez du boulot…
Le problème, c’est qu’en vacances en Ardèche : Rebolote. Mais là, c’est pas qu’un peu : Vous avez grimpé torse nu et vous avez des cloques de partout dans le dos.
Après quelques recherches, le mystère se dévoile et se nomme LA RUE. Rien à voir avec une avenue ou un boulevard. Je vous parle de la rue officinale (Ruta graveolens L.).
C’est un arbrisseau que l’on appelle parfois : Herbe de la rue, Rue des jardins mais surtout Rue Fétide. Je préfère ce dernier terme. Si la plante était utilisée par le passé pour ces qualités aromatiques ou médicinales, ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est sa capacité à nous brûler en période de floraison.
En réalité, la brûlure est liée à deux phénomènes :
1. La plante doit être en floraison. Pour la repérer, c’est facile : il s’agit d’un petit arbuste (qui peut tout de même atteindre 1 m, mais bon, sur les parois, 20 cm c’est déjà bien) avec des fleurs jaunes et qui dégage une odeur âcre.
2. La plante est photosensibilisante. En clair, elle peut entraîner de simples démangeaisons ou de véritables brûlures par temps chaud.
A noter le manque de chance : Elle est en floraison de mai à août, bref par temps chaud et de grimpe.
- Effets de la rue par temps chaud (source : Vincent, 2006)
Bon, malgré la photo, ne paniquons pas.
Tout d’abord, fondamentalement, on n’en meurt pas. La cloque disparaitra laissant place à une trace brune (marque de brûlure) qui va peu à peu s’estomper. Le temps dépend de la fragilité de la peau. Perso, j’ai encore les marques les plus importantes subies il y a plus d’un an. Cependant, les marques plus petites et celles subies il y a un et demi ont disparu.
Par ailleurs, c’est un excellent moyen de se la jouer un peu avec des marques de guerre. En plus, ça fait toujours des histoires à raconter.
Enfin et surtout, m’étant planté la tête la première dans la rue il y a 6 mois, je me voyais déjà brûlé au 6e degrès et ne pouvant plus sortir de chez moi de peur de terroriser les gosses du quartier. Coup de bol, ce jour là, il y avait des nuages. De plus, à chaque apparition du soleil, je suis resté à l’ombre. Et rien n’est apparu. En bref, en cas de contact avec la plante, vaut mieux éviter le soleil.
Oh…. Il va sans dire que je ne grimpe plus torse nu par temps chaud.
Merci à Fred pour ses infos non négligeables.