L’ORANGER
Posté par eurekasophie le 20 novembre 2009
Rien n’est plus beau que les fleurs immaculées de l’oranger, dont on tressait des couronnes aux vierges; rapportez toute cette blancheur à l’or rouge et au cuivre chaud des fruits superbes de l’hiver, et vous aurez le plus délicat, le plus merveilleux mariage de pastels qu’un peintre puisse imaginer…..
» L’orange a toujours eu pour moi la séduction des fruits de la fête : on n’en mangeait guère qu’à Noël, dans les campagnes, et le beau fruit mûri au soleil de l’Espagne, du Maroc ou de l’Italie a toujours été associé dans mon esprit aux cadeaux, aux chocolats, aux papillotes, à la joie, et aux rires d’anges et d’enfants comblés….Oui, comme le chante Gilbert Bécaud, moi qui n’étais guère comblé, j’avoue avoir » volé l’orange du marchand » à l’étalage; la douceur infinie du jus sucré qui coulait dans ma bouche se doublait alors de la saveur toute particulière du » péché « , de la transgression de l’interdit…. Mais après tout, qui aurait la cruauté de punir un enfant pauvre d’une joie saine ?
Une joie saine…..Manger de l’orange l’était certainement lorsque j’avais dix ans. Je n’en dirais plus autant aujourd’hui. La sagesse populaire veut certes que le jus de ce fruit soit de l’or le matin, de l’argent à midi et du bronze le soir. Mais la sagesse populaire ne sait rien des insecticides dont on asperge les arbres dès les premiers bourgeons du printemps, ni des » conservateurs » ( diphényle, etc.), prétendument inoffensifs, dont on arrose abondamment les agrumes ( ou même qu’on leur injecte à la seringue ) après la récolte. La pollution chimique des orangers est telle, à l’heure actuelle, que tout ce que je vais dire des merveilleuses vertus de ces arbres se trouve sérieusement mis en question par la folie des hommes — la folie des rendements, la folie de l’asservissement de la nature ( à laquelle mon âme de paysan me dicte bien plutôt de me plier ), la folie de la destruction pour le profit immédiat…… »
Maurice Mességué
Il existe de nombreuses espèces d’orangers, qui ont toutes leur utilité, soit pour la production de fruits, soit comme plante médicinales.
Oranger | ||
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Citrus sinensis | ||
Classification classique | ||
Règne | Plantae | |
Division | Magnoliophyta | |
Classe | Magnoliopsida | |
Ordre | Sapindales | |
Famille | Rutaceae | |
Genre | Citrus | |
Nom binominal | ||
Citrus sinensis |
A l’oranger vrai, il faut en effet ajouter l’oranger amer ou bigaradier, la bergamote ( au fruit jaune pâle, très amer et immangeable ), et le pamplemousse ( dont le fruit énorme, jaune citron, blanc, rosé ou rouge, pèse parfois plus de 8 kg ). Toutes ces espèces ont des vertus voisines; on en utilise les feuilles, les fruits, les fleurs, les jus, l’écorce et l’essence. Plutôt que d’acheter ces produits en herboristerie ( fruits mis à part évidemment), essayez, si le climat de vootre contrée vous le permet, de planter un oranger dans votre jardin…..C’est un régal pour l’oeil….et pour le palais, si le soleil est au rendez-vous pour mûrir les fruits.
Les feuilles d’oranger ( qui devraient être celles du bigaradier, plus actives, dans les magasins de plantes,mais qui sont souvent mêlées de feuilles d’oranger vrai ou même de feuilles de citronnier…toutes polluées, d’ailleurs) , se révèlent calmantes et antispasmodiques. Les nerveux, les angoissés, les asthmatiques, les individus sujets aux migraines d’origine nerveuse, les neurasthéniques, les insomniaques, les hystériques et les épileptiques auront intérêt à en user largement. Ces feuilles se montrent encore capables de faire tomber la fièvre ( typhoïde, etc.); elles provoquent la sueur; elles constituent un excellent vermifuge; elles aident le travail de l’estomac; et elles sont toniques.
Les fleur d’oranger ( celles du bigaradier sont là encore les plus actives ), présentent 5 pétales immaculés, criblés de minuscules glandes sécrétrices, d’où s’exhale un parfum suave. On en tire une eau essentiellement calmante et antispasmodique. C’est même le meilleur calmant que je connaisse: les anxieux, les angoissés, ceux dont le coeur s’affole à la moindre émotion, ceux qui n’arrivent pas à trouver le sommeil, les névrosés, les agités, tous ceux-là sont justiciables de la fleur d’oranger. Quant à l’essence que l’on en tire également de cette fleur, et qu’on appelle souvent essence de néroli, elle sert essentiellement en parfumerie. Son nom rappelle celui de la femme de Flavio Orsini, prince de Neroli. Celle-ci en faisait un usage quasi immodéré, et elle introduit la préparation en France au XVII ° siècle.
L’orange elle-même, ce fuit superbe dans lequel on a vu la pomme d’or du jardin des Hespérides ( cette pomme d’or qui donnait l’immortalité, et qu’Héraclès alla voler aux nymphes au cours du onzième » travail » ) exerce les effets les plus salutaires sur l’organisme.
Convenablement pelée (afin d’éliminer au maximum le zeste imprégné de poisons chimiques),elle apporte à l’organisme son content de vitamines C et B.
Elle convient particulièrement aux enfants, aux adolescents, aux malades et aux personnes âgées. Sa faible teneur en sucre la fait autoriser aux diabétiques.
Le jus d’orange, soit sous forme d’orangeade, soit pur, concentre tous les principes toniques et anti-infectieux de l’oranger. On le donne en quantités massives dans tous les cas de grippes, d’affaiblissements de l’organisme, de fièvres, d’angines, de troubles digestifs et de maux de reins ou de vessie. La pulpe cuite du fruit, appliquée en gros emplâtres sur les ulcères ou les abcès, donne les meilleurs résulats.
L’écorce d’orange, qui devrait normalement provenir des fruits du bigaradier ( mais à laquelle on substitue fréquemment le zeste de l’orange vraie ), est tonique, stimulante et exitante; elle aide au travail de l’estomac, et permet la libération normale des gaz intstinaux dans tous les cas de constipation; elle est en outre apte à faire tomber la fièvre, et se comporte comme un bon vermifuge.
Enfin l’essence d’orange vraie, constituée par le liquide volatil qui s’échappe de l’écorce des fruits lorsqu’on les presse, se montre un excellent antiseptique, ainsi qu’un calmant efficace des maux de ventre. Elle sert à préparer l’eau de Cologne, et à ce titre, c’est un liquide de beauté. L’essence de bergamote désinfecte parfaitement les plaies, les abcès, les ulcères et les brûlures.
RÉCOLTE
Ne vous fiez, pour vos préparations médicinales à base d’oranger, qu’aux plants que vous aurez fait pousser vous-même ( si vous habitez une région suffisamment chaude ), ou dont vous aurez la certitude absolue qu’ils n’ont pas été traités. Dans ce cas, cueillez les feuilles sur l’arbre même, après la rosée; faites-les sécher à l’ombre pour éviter qu’elles ne perdent leur belle couleur verte; et conservez-les au sec, à l’abri de la lumière. Récoltez les fleurs encore fermées, également après la rosée; et faites-les sécher à l’obscurité et au sec.
Quant aux fruits, je vous laisse juge: mais, de grâce, ne préparez aucune potion à base d’écorce ou d’essence en utilisant des fruits du commerce; ce serait vous empoisonner à coup sûr.
PRÉPARATION ET EMPLOI
INFUSION ET DECOCTION
de feuilles ( action calmante ) : jetez une demi-poignée de feuilles sèches dans 1 litre d’eau ( 2 à 3 tasses par jour ).
DECOCTION CONCENTREE
de feuilles ( en cas d’accidents nerveux graves: hystérie, épilepsie ): jetez 3 poignées de feuilles sèches dans 1 litre d’eau ( 3 tasses par jour ) .
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
de feuilles: une poignée de feuilles sèches par litre d’eau.
TISANE
de fleurs: jetez une demi-poignée de fleurs sèches par litre d’eau ( une tasse le soir, au coucher ).
BAINS
de fleurs d’oranger: jetez une poignée de fleurs sèches par litre d’eau.
CATAPLASMES
de pulpe d’orange cuite: contre les ulcères et les abcès.
RATAFIA
( Tonique de l’estomac ou de l’appareil digestif) : mélangez 100 g d’écorce d’orange et 100 g d’écorce de citron à un litre d’alcool à 80 °; laissez macérer pendant une semaine; sucrez avec 1/2 kg de sucre de canne. ( Une cuillerée à soupe, à l’heure de l’apéritif, une fois tous les deux jours.)
TEINTURE
d’écorce d’orange : faites macérer pendant une semaine 100 g d’écorce d’orange dans 1 / 2 litre d’eau-de-vie; filtrez. ( Une cuillerée à café avant les repas, comme stimulant de l’estomac et de l’intestin.)
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