…CONGÉNITALE DE HANCHE
3 à 6 nouveau-nés sur mille présentent une luxation congénitale de la hanche, ou dysplasie de hanche, une pathologie dont l’origine exacte demeure inconnue. Le dépistage précoce est essentiel car, en l’absence de traitement, gare à la boiterie, aux douleurs et à l’arthrose précoce de la hanche !
L‘image de la bretonne forcément boiteuse a bien vécu. Effet du dépistage précoce et des traitements oblige, rares sont désormais les adultes jeunes, adolescents ou enfants qui souffrent des complications d’une luxation congénitale de hanche ( LCH ) passée inaperçue ou non traitée à la naissance, une maladie dont l’origine demeure encore bien mystérieuse. En effet, le dépistage de la LCH est devenu obligatoire dans les premiers jours de la vie depuis longtemps. Une pathologie aux conséquences suffisamment graves à l’âge adulte pour qu’on s’y intéresse de façon précoce, et ce d’autant qu’elle concerne beaucoup d’enfants en France.
L’ARTHROSE EN BOUT DE COURSE
En cas de diagnostic tardif, la LCH devient plus difficile à soigner ( la hanche va se déformer durablement, notamment lors de l’apprentissage de la marche ) et peut déboucher sur une boiterie. Chez le grand enfant, une LCH non traitée peut rester longtemps indolore, même en cas de boiterie ( démarche » en canard » ). Chez l’adulte, la boiterie devient progressivement douloureuse( douleur dans l’aine ). En l’absence de traitement, la LCH évolue vers une arthrose précoce ( coxarthrose ) et donc une raideur de l’articulation. L’aboutissement final de l’évolution de la LCH est donc la pose d’une prothèse de hanche !
LUXATION OU DYSPLASIE ?
Plutôt que de LCH, les médecins emploient parfois le terme de » dysplasie de hanche « lorsque l’anomalie » luxante » de la hanche est présente mais s’avère plus discrète ou difficile à mettre en évidence. Car la luxation de hanche à proprement parler, facilement dépistable à l’examen clinique, correspond déjà à un stade plus important de la pathologie où la tête du fémur est déjà sortie de son emplacement habituel, à savoir sous le cotyle, le » toit » de l’articulation de la hanche. D’ailleurs , les médecins parlent souvent de » défaut de couverture » de la tête fémorale par le cotyle.
DÉPISTAGE PRÉCOCE …
L’examen clinique dans les 48 premières heures après la naissance est essentiel. En cas de normalité, il doit être réitéré avant l’âge d’un mois. Le médecin va rechercher un » ressaut » au niveau d’une hanche ( les deux sont testées car la LCH est souvent bilatérale ) en manipulant l’articulation. C’est la manipulation dite » d’Ortolani » . Elle témoigne d’une tendance de la hanche à se luxer facilement . Les médecins parlent donc de hanche » luxable « . Parfois, un simple coup d’oeil permet déjà de repérer des signes d’une LCH avérée: fesse » gonflée « , raccourcissement du membre concerné.
… ET EXAMENS DE CONFIRMATION
Pratiquée dans les 8 à 10 jours après la naissance, l’échographie est un examen indispensable au diagnostic de LCH en cas de doute à l’examen clinique. La radiographie n’est pas utile dans le premier mois du fait d’un risque de méconnaître une authentique LCH. En effet, à cet âge là, la tête fémorale et le rebord du cotyle sont transparents aux rayons X. Rappelons que le noyau osseux de la tête du fémur n’apparaît que vers le 4 ème mois.
DU COUSSIN CHEZ LE NOUVEAU-NÉ …
Le coussin de Becker, ou » culotte d’abduction « , est le traitement le plus fréquemment prescrit par les médecins. Ce coussin en matière plastique recouvert d’une couche est placé entre les cuisses. Il permet de repositionner durablement la tête du fémur sous le cotyle. On le pose pour une durée de 4 mois. D’autres, en revanche, préfèrent utiliser un harnais.
… À L’INTERVENTION CHIRURGICALE CHEZ L’ADULTE
Plusieurs techniques sont possibles. Tout dépend de l’âge du patient, de la gêne occasionnée ( douleur, handicap…) et de la sévérité de l’atteinte :
◊ Les interventions qui visent à redonner à la hanche une anatomie fonctionnelle acceptable en agissant soit sur le fémur ( ostéotomie ) soit sur le cotyle ( butée ) voire sur les deux . Plusieurs interventions peuvent être nécessaires .
◊ La prothèse de la hanche, chez la personne âgée surtout, lorsque tous les traitements ont échoué ou lorsqu’il existe une coxarthrose douloureuse.
UN TRAITEMENT À LA CARTE À LA NAISSANCE
Le traitement dépend de la lésion exacte, dépistée par l’examen clinique ou les examens complémentaires. 3 situations peuvent être observées à la naissance :
♣ L’enfant paraît normal mais il s’agit d’un nouveau-né à risque ( voir ci-dessous ). Le coussin n’est pas indispensable mais une grande prudence et une surveillance s’imposent ( bilan échographie et/ou radiographique indispensable).
♣ L’enfant présente déjà une luxation. La réduction de la hanche ( repositionnement ) est pratiquée immédiatement . Un coussin d’abduction est posé par le praticien.
♣ La manoeuvre d’Ortolani retrouve un ressaut. La hanche est donc instable et nécessite la pose d’un coussin d’abduction ou d’un langeage approprié.
ENFANTS À RISQUE
♦ Fille ( 7 filles pour un garçon )
♦ Origine bretonne, vendéenne ou auvergnate
♦ Parents touchés eux-mêmes par une LCH
♦ Accouchement par le siège
♦ Gémellité
♦ Gros poids de naissance
♦ Enfant dormant toujours la tête du même côté ( hanche saine ). Une position qui favorise la luxation de la hanche située de l’autre côté.
Source » Belle Santé » N°130 article de Daniel Gloaguen