L’EPILOBE EN QUESTION …
Posté par eurekasophie le 20 mai 2009
Le célèbre ethnobotaniste François Couplan et le cuisinier non aligné et novateur Marc Veyrat, son complice, n’hésitent pas à intégrer l’épilobe dans la longue liste des plantes sauvages susceptibles de réintroduire la biodiversité dans notre alimentation. Leurs recommandations diététiques et culinaires se rapportent à l’espèce Epilobium angustifolium Linné, mieux connue sous les noms français de : chamerion, épilobe en épi, épilobe à feuilles étroites, laurier-de-Saint-Antoine, osier feuri, ou encore … thé russe. (Ce nom de « thé russe » évoque les infusions traditionnelles que les Slaves préparent avec les feuilles de cette plante).
Les fleurs de l’épilobe, très mellifères, fleurissent en juillet-août dans les coupes et sur les lisières forestières, dans les landes, les prairies humides (lorsqu’elles ne sont pas fauchées systématiquement!) et sur les talus ensoleillés. La hampe florale peut mesurer de 60 à 180 cm de hauteur et domine souvent les autres herbacées parmi lesquelles elle pousse.
Selon les deux compères en biodiversité précités, ce ne sont pas seulement les belles petites fleurs purpurines ou rosées détachées des épis qui peuvent être consommées, mais également les jeunes pousses printanières, cuites comme un légume, ou encore la moëlle des tiges.
En Suède, depuis longtemps, on consomme les bourgeons et les jeunes pousses d’épilobe préparés à la manière des asperges. (Récolter des cimes non écloses d’environ 20 cm et faites les cuire à la vapeur!)
L’intérêt alimentaire de l’épilobe, outre son goût agréable et décalé, réside notamment dans les propriétés astrigentes et émollientes qu’il possède. Il est riche en vitamines A et C et contient significativement un des 4 macro-éléments dont notre organisme a un besoin journalier quantitatif important : le magnésium. (C’est par excellence, l’anti-stress dont nous ne pouvons pas nous passer dans la vie trépidante qui est le sort de la plupart d’entre nous!) Si les aliments contenant du magnésium ne manquent pas, ils sont aussi généralement fort riches en calories. (Oui, oui, c’est aussi au chocolat que je pense!). C’est pourquoi l’épilobe, négligeable en valeur calorique, peut offrir une alternative intéressante à ceux qui se soumettent à un régime hypocalorique strict.
Les botanistes ont identifié et décrit une 60aine d’espèces d’épilobes de par le monde. Parmi celles qui poussent dans nos régions, outre l’épiloble en épi, les curieux pourront également observer :
l’épilobe hérissé (ou épilobe à grandes fleurs) (Epilobium hirsutun Linné),
l’épilobe à petites fleurs (Epilobium parviflorum Schreb.), à la saveur plus piquante et une peu âcre, dont Maria Treben a vanté les vertus de l’infusion pour combattre les affections de la vessie et l’hypertrophie de la prostate.Cette espèce doit être considérée davantage comme plante médicinale que comme légume, et être utilisée avec plus de parcimonie dans vos salades.
l’épilobe à feuilles lancéolées (Epilobium lanceolatum Seb. et Mauri),
l’épilobe des montagnes (Epilobium montanum Linné),
l’épilobe des collines (Epilobium collinum C.C. Gmel),
l’épilobe rosé (Epilobium roseum Schreb.),
l’épilobe cilié (Epilobium ciliatum Rafin.)
l’épilobe des marais (Epilobium palustre Linné),
l’épilobe vert foncé (Epilobium obscurum Schreb.),
l’épilobe à tige carrée (Epilobium tetragonum Linné), et
l’épilobe à feuilles de romarin (Epilobium rosmarinifolium Haenke).
Eh oui, quelle richesse dans la biodiversité! Cette énumération d’espèces n’a rien d’exhaustif. Pratiquement, retenez que toutes ces espèces d’épilobes sont comestibles.
Attention! Ne pas confondre les épilobes avec les tiges fleuries de digitale pourpre, plante d’une toxicité redoutable. Et j’en profite pour vous rappeler qu’il faut toujours être prudent et bien renseigné au sujet de la comestibilité d’une plante sauvage. Si vous en doutez tant soit peu, référez-en à une personne avertie et compétente. Aucune question n’est stupide en soi; la vraie stupidité, ce serait de ne pas la poser!
Publié dans "E**", Mon repertoire des plantes les moins usitees | 4 Commentaires »