Vivre avec la maladie d’Alzheimer
La maladie
INTRODUCTION
La maladie d’Alzheimer est une maladie neuro-dégénérative, c’est-à-dire que les neurones dégénèrent et meurent. Ces neurones qui servent à programmer un certain nombre d’actions, en disparaissant, entraînent la perte de ces capacités.
On associe souvent la maladie d’Alzheimer à la perte de mémoire car ce sont effectivement les neurones localisés dans la région de l’hippocampe, siège de la mémoire, qui sont les premiers atteints. Malheureusement, petit à petit d’autres zones du cerveau seront touchées et mèneront à la disparition progressive des capacités d’orientation dans le temps et dans l’espace, de reconnaissance des objets et des personnes, d’utilisation du langage, de raisonnement, de réflexion…
On entend souvent que la personne qui souffre de la maladie retombe en enfance.
C’est effectivement un retour à l’immaturité neurologique constaté dans les premières années de vie. Cependant, alors qu’un jeune enfant découvre la vie pour progressivement gagner en autonomie, une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer va petit à petit la perdre. Ne pas comprendre que l’on risque de s’égarer en sortant seul tout en ayant encore la notion d’être adulte est un paradoxe qui rend l’accompagnement difficile et subtil.
Le terme de maladie d’Alzheimer est aujourd’hui utilisé pour évoquer différentes maladies où apparaissent ces même troubles, en particulier lorsqu’ils surviennent au-delà d’un certain âge. C’est un abus de langage.
Pour mieux comprendre il faut déjà savoir distinguer ces différentes maladies
Les troubles rencontrés dans la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées touchent les fonctions cognitives. Ces fonctions correspondent à des actions neurologiques qui semblent uniques alors qu’elles sont elles-mêmes scindées en des actions bien particulières. Pour écrire il faut d’abord être capable de reconnaître un stylo, de le prendre correctement, d’avoir une représentation des mots pour pouvoir les reproduire, etc.Ces actions s’exécutent par l’intermédiaire de neurones situés dans différentes zones du cerveau.
Nous allons revenir sur le fonctionnement de ces capacités et préciser comment elles dysfonctionnent.
Il est important de lire ces données en gardant à l’esprit que chaque malade a un développement de lésions qui lui est propre et donc une apparition particulière des symptômes.
Il est toujours étonnant de voir que certains aspects de la maladie sont parfois très précoces chez certaines personnes,
alors que pour d’autres ces aspects peuvent rester peu exprimés, même à un stade ultime de la maladie
LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTEES
Le diagnostic devrait toujours être posé par une équipe pluridisciplinaire, et à plus forte raison la non-confirmation de ce type de diagnostic. En effet, ces maladies, surtout en début d’évolution, sont parfois très difficiles à repérer. C’est la combinaison des explorations qui permet de se prononcer plus surement.
Plusieurs examens sont nécessaires, certains ont pour objectif de faire un diagnostic différentiel, c’est-à-dire de s’assurer qu’une autre pathologie n’est pas à l’origine des symptômes.
Il est donc recommandé de s’adresser à une consultation spécialisée : centre mémoire, service de neurologie, de gériatrie et certains services de psychiatrie. De plus, le diagnostic doit impérativement être suivi d’un projet d’accompagnement médical, psychologique, social… C’est le plus souvent au sein de services spécialisés que l’on développe ce type de démarche auprès du patient et de sa famille.
Pour connaître les centres de diagnostic dans votre région, contactez l’association France Alzheimer de votre département.
L’imagerie (scanner ou IRM) permet de voir l’aspect des structures cérébrales, en particulier de distinguer les atrophies sur certaines zones, mais elle permet surtout de vérifier qu’il n’y a pas de tumeurs. Les outils d’imagerie ne permettent pas encore aujourd’hui de voir les cellules pathologiques, qui ne seront visibles qu’en cas d’autopsie post mortem. Cela se fait encore dans un contexte de recherche, avec un accord écrit. Les nouveaux scanners visualisent maintenant des atrophies de l’hippocampe à des stades précoces de la maladie.
Cela va surement permettre des diagnostics plus précoces. Comme pour tous les examens en imagerie, le type de matériel utilisé, les techniques d’utilisation et les compétences du lecteur des clichés sont importants.
La consultation neurologique est faite par le médecin neurologue. En début de maladie l’examen neurologique est souvent normal car les troubles n’apparaissent pas encore et ne permettent pas de détecter la maladie. Seul, il est donc insuffisant pour définir qu’il n’y a pas de maladie neuro-dégénérative. Il consiste en un examen clinique, par lequel le médecin va rechercher un certain nombre de signes et de réactions indiquant un trouble neurologique.
Il va, entre autre, rechercher :
- Des troubles oculomoteurs
- Des troubles de la marche
- Des troubles de l’équilibre
- Un syndrome parkinsonien
- Des signes de focalisation
- Des anomalies neurologiques atypiques…
Un bilan biologique doit également être prescrit. Certains troubles cognitifs peuvent avoir une cause métabolique. Ils sont réversibles si l’on met rapidement en place un traitement de complément. On recherchera :
- Des carences en vitamines
- Des carences hormonales
- Une déshydratation
- Une infection
- Une intoxication
Le bilan neuropsychologique doit être réalisé par un psychologue-neuropsychologue. Il s’agit de faire passer une série de tests sous forme de questions ou de tâches simples à accomplir pour évaluer les capacités cognitives du patient. Encore aujourd’hui, c’est l’examen neuropsychologique qui permet de détecter les symptômes le plus précocement. Les tests possibles sont nombreux, plus ou moins longs, plus ou moins sensibles au moindre trouble. Chaque neuropsychologue choisira les tests qui sont pertinents pour le patient. C’est ce qui permettra de faire apparaître ou non le caractère pathologique de la plainte, puis d’orienter vers un type de maladie. Il donne également une estimation de la sévérité de la maladie. Plus le bilan neuropsychologique est fait en début de maladie, plus il sera long, car tout doit être exploré. A un stade évolué de maladie, il est impossible de faire passer ces tests.
Il explorera en particulier :
- La mémoire, pour la mémoire épisodique la présence d’un tiers est indispensable.
- Les praxies
- Le langage
- Les gnosies
- Les capacités attentionnelles
- Les capacités de raisonnement
- Les capacités de jugement
- Les capacités à passer d’une consigne à une autre
- L’orientation temporelle et spatiale
- L’humeur dépressive
Les examens sont discutés en équipe afin de poser un diagnostic, quand cela est possible.